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Bali Belingbing Jatiluwih (4)

11 Juillet 2016 , Rédigé par Philippe Caussanel Publié dans #Bali

Enfoirés. C'est le mot que j'ai le plus répété silencieusement dans ma tête.

Ces enfoirés auraient pu nous avertir que sur la montée de 7 km avec 350m de dénivelé, il y avait deux tiers de jeep tracks très caillouteux et bien pourris.

Surtout que nous partions la fleur au fusil. Seulement 28km aujourd'hui.

On commence par se planter quelques kilomètres après le départ, mais aujourd'hui, c'est à deux reprises le GPS qui a fait des siennes. Il a des points GPS légèrement décalés par rapport aux intersections, parfois juste après sur la route que vous devez quitter et si vous ne passez pas sur ce point, il vous indique ensuite deux routes, la bonne et une autre pour vous faire revenir au point que vous avez "loupé". Pas évident à expliquer mais à présent, on sait donc on ne s'inquiète plus.

Ensuite, nous rejoignons une toute petite route, bien défoncée à certains endroits, traversant des rizières. Du coup, je passe devant pour filmer et comme cela descend, le poids aidant, je sème Astrid s'en m'en rendre compte. Elle va tout droit au carrefour suivant alors que la route normale continuait à gauche.

Je reviens sur mes pas jusqu'au seul carrefour qui aurait pu prêter à confusion.

Plusieurs habitations autour de moi. Peu de voitures, presque uniquement des scooters. Je les interpelle donc et leur demande s'ils ont croisé une fille sur un vélo. Je leur montre une photo d'Astrid à vélo prise le matin même. Ces braves gens ne pipent pas un seul mot de ce que je leur dis, les vieux, les jeunes... après un bon quart d'heure, Astrid remonte. Elle avait effectivement continué tout droit.

Juste après commencent les sept kilomètres de montée, difficulté majeure de la journée. Dans ce pays de montagnes, comme à La Réunion, cela ne fait que descendre et monter, mais celle là, au milieu de la courbe, elle est impressionnante avec quelques portions à 10%

On commence à déchanter quand rapidement la chaussée se transforme en chemin caillouteux et défoncé. Les VTTistes comprendront. Entre de la route et ce genre de jeep track, l'énergie dépensée va du simple au double. Avec les sacoches et le sac à l'arrière, mon vélo à tendance à se cabrer et je dois me plier à l'avant sur mon guidon. C'est à ce moment que je commence la série de mon juron préféré.

Sur le chemin, pas mal d'habitations parfois et de points de vente tous identiques, qui vendent de l'essence au litre, des mini-bouteilles de gaz et exactement les mêmes cochonneries, chips et cigarettes.

Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour leur demander des fruits. Nous faisons chou blanc.

Le reste du parcours est plus classique avec quelques belles portions en forêt type montagnes russes, descentes abruptes dans une ravine et remontées sèches, sans pouvoir avaler la pente.

Le GPS s'arrête quatre kilomètres avant l'arrivée -nous avons pourtant rechargé la batterie pendant la nuit- quatre kilomètres de montée en ligne droite vers notre hébergement. Devant nous le ciel est noir. Il est 14 heures et Astrid a un coup de pompe. Nous finissons donc sous la pluie tropicale...

Demain, on redescend vers Ubud, parait-il la ville la plus agréable de Bali. Ce sera une étape plus tranquille, suivie d'une journée de repos.

Ces deux premières étapes étaient semble-t-il les plus dures....

Une tonne. Mon corps pèse à présent une tonne. Du moins c'est la sensation que j'ai. Je vous écris de mon lit, sous une couverture, avec la pluie en bruit de fond. Le moindre mouvement me demande une volonté de fer.

En quittant le joli hébergement ce matin, j'étais loin de m'imaginer que cette journée allait être aussi difficile. Nous avions vu que le parcours faisait 30km. Après les 50 kilomètres de la veille, nous étions presque prêts à rallonger le parcours de 8km. Ce que nous n'avons pas fait, Dieu merci.

Petit déjeuner traditionnel, typique d'ici: mines au poulet et légumes pour papa, "porridge" au poulet pour moi. Le porridge était en fait du riz noyé dans un bouillon. Première et dernière fois. Papa semble avoir plus de chance que moi pour les commandes de petits déjeuners, pour le moment.

Après quelques kilomètres de montée, nous commençons un chemin. Du moins cela ressemble à un chemin. Pousse de vélo dans la côte, descentes abruptes , gros cailloux en plein milieux. Très vite, nous nous rendons compte que nous allons BIEN sentir passer les 30 kilomètres.

Après une descente agréable et une traversée de maisons typiques (pas de celles que l'on peut voir lors des voyages de groupe), je perds papa de vue. Je vous épargne les détails, mais petit poussin a bien angoissé pendant une demie heure. Il retrouva papa coq quelques larmes plus loin, en remontant jusqu'à l'embranchement qui l'avait induit en erreur. À partir de ce moment , petit poussin pédalé uniquement DEVANT papa coq.

Au total nous avons fait 17 kilomètres de montée aujourd'hui. Les 7 kilomètres consécutifs étaient les pires. Il n'était que 10h00 du matin et pourtant le soleil cognait comme s'il était midi. La chaleur était amplifiée par l'humidité de la route qui s'évaporait. Le chemin était plutôt beau, mais ne semblait pas vouloir nous accorder quelques mètres de plat. Avec la majeure partie du trajet en plein soleil, nous nous sommes arrêter plusieurs fois pour boire et manger des mandarines achetées plus tôt le matin.

Encore une fois, mes nerfs ont eu du mal à tenir. Mais cette fois si, je pense que ma frustration était partagée par papa. Sur les 7 kilomètres, 5 au moins étaient de la route pourrie. LE PIRE c'était "le chemin" constitué uniquement de gros galets. Je maudissais les organisateurs. "Jolie route".. "Agréable" .. "Une de mes préférées" .. "PLUTÔT difficile"... MES FESSES! Je n'ai jamais autant pester sur un vélo! J'aurais encore préféré faire l'Argus (l'année prochaine Papi!). Mais comme je l'ai dit à papa, l'attitude des Balinais compense leurs routes pourries.

Papa était tellement chargé qu'à certains moments il devait descendre de vélo, dans les côtes, de peur de basculer vers l'arrière ..! Et la fille à côté qui demande à s'arrêter toutes les cinq minutes et qui passe son temps à bouffer des cacahuètes..!! Je n'ai jamais autant manger de cacahuètes de ma vie. En 5 heures de vélo j'ai largement eu le temps d'avoir TRÈS faim.

Mais papa, égal à lui même, s'arrêtait quand je voulais pour me laisser m'empiffrer. Patate.

Les 4 derniers kilomètres étaient en montée. À ce stade, je ne réfléchissais même plus. Cela faisait une bonne dizaine de kilomètres déjà que mon corps avait eu sa dose. Je pédalais avec des images de douche, de menus, de fruit et de lit en tête. J'avais l'impression que la route n'en finissait pas. Nous roulions à 0,05 km/h. Et encore, je trouve cela un peu flatteur. Papa m'avait donné le nom de l'hébergement et je ne souhaitais qu'une chose : voir enfin un panneau avec marqué "PRADA DEWI".

Cette apparition se manifesta après un dernier arrêt-spécial-empiffrage car je n'en pouvais plus. Les derniers 500 mètres étaient accompagnés de pluie qui s'intensifiait au fur et à mesure. Charmant tableau. Lorsque papa m'a indiqué le panneau tant attendu, l'orage, la tempête ou une pluie de cacahuètes auraient pu se manifester. Je n'y aurais prêté aucune attention.

Un thé bien chaud et une douche plus tard, je m'effondrais sur mon lit... et m'endormis pendant plus d'une heure.

 
 
 
 
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